A propos de la Central Country
Central Country était une vaste région, avec des montagnes au sud, et un immense espace vide au milieu. Les montagnes étaient couvertes d’arbres et de petits torrents qu’on appelait des creeks.
L’immense espace vide se nommait Dead Hills ; autrement dit « mortes collines », et s’étendait sur plus de trente milles de large. Des milliers de collines s’y dressaient, jaunes et nues sous le soleil d’été, avec des genévriers et quelques rares sapins : ces derniers faisaient penser à des moutons égarés qui, partis des montagnes, seraient venus se perdre dans les Dead Hills, d’où ils n’auraient jamais pu repartir.
… pauvres arbres…
La population de Central Country se composait d’environ onze cents personnes ; ce chiffre tenait compte d’une mort par-ci, d’une naissance par-là, d’un étranger qui décidait d’y refaire sa vie ou encore de quelques habitants de longue date qui partaient sans espoir de retour, ou bien alors qui revenaient parce qu’ils ne supportaient pas de vivre loin de leur terre natale.
Et tout comme dans un résumé de l’histoire de l’Homme, il y avait deux villes.
La première était tout à côté des montagnes du nord et s’appelait Brooks. L’autre était proche des montagnes du sud et s’appelait Billy.
Ces villes étaient nommées ainsi en souvenir des frères Billy et Brooks Paterson. Ils avaient fondé le pays une quarantaine d’années auparavant, puis s’étaient entretués au revolver par un après-midi de septembre, au cours d’une dispute à propos de cinq poulets.
Cette fatale altercation avait eu lieu en 1881, mais en 1902 les esprits étaient encore très échauffés. On discutait ferme pour déterminer le véritable propriétaire des poulets et le responsable de cette tuerie, qui avait provoqué la mort des deux frères, laissant deux veuves et neuf orphelins.
Brooks était le chef-lieu de la région, mais les gens de Billy disaient : « Que ceux de Brooks aillent se faire enculer. »